LA TOUR VIVANTE
2023, Pièce sonore // Performance | 20′ | Réalisé par Barthélémy Belleudy & Fanny Rahmouni.
Field recording, editing, mixing and live performing this sound piece about skyscrapers at the east of Paris. Between documentary and fiction, the voices of the guards and the sounds guide us through the history and secrets of these places.
” La Tour Vivante est une pièce sonore qui retranscrit l’expérience d’une ronde de nuit à l’intérieur des tours Mercuriales. Les samples de voix, d’ambiances et de sons s’agencent en live d’une manière presque musicale, suivant une partition commune structurée par les différentes étapes de la ronde, du sous-sol au toit terrasse des tours. Le montage n’est jamais figé, chaque performance propose une nouvelle exploration de cette architecture monumentale. Dans cette exploration, la narration est sonore avant tout. L’installation fonctionne comme un « cinéma inversé » où c’est le son qui guide le visuel, et l’image qui vient soutenir l’écoute. L’architecture devient matière, textures, support pour se laisser aller au pouvoir évocateur du son.”
Levant et Ponant
Deux dames noires surplombant l’est parisien
Deux géantes que l’on croirait silencieuses
Vestiges d’un futur qui se conjugue déjà au passé
Et qui pourtant émettent, bruissent, parlent à qui tend l’oreille
Direction : Barthélémy Belleudy & Fanny Rahmouni
Visual performance : Yonas Le Bris
Video : Quentin Elles
Video live : Marco Juan Lavandier [ZEROZORO]
Thanks to Zohir, Ramdane, Florian, Le Sample, Baptiste Belleudy
Performed in Paris 21.04.23 & @Le Sample 22.09.23
Genèse du projet
Barthélémy Belleudy (ingénieur du son et artiste sonore) et Fanny Rahmouni (urbaniste, autrice radio) sont tous les deux passionnés de création sonore. Ils se rencontrent aux Mercuriales début 2021. Les tours font alors l’objet d’une occupation transitoire durant laquelle de petites structures (artistes, associations…) sont conviées à y installer leurs bu- reaux en attendant un projet de rénovation. Ils commencent alors à réaliser des enregistrements, jusqu’au printemps 2022, où les tours ferment définitivement leurs portes. En avril 2023, la performance la Tour Vivante est jouée pour la première fois à Paris.
Au cœur du « futur du passé »
Construites dans les années 70 dans le cadre d’aména- gements visant à créer un grand quartier d’affaires sur le modèle de la Défense, les Mercuriales sont deux tours de 122m de hauteur, situées à Porte de Bagnolet dans l’est parisien. Témoins d’un « futur du passé » rendu obsolète par les évolutions du monde du travail, les tours Mercuriales se cherchent aujourd’hui un avenir. Pratiquement vides depuis dix ans, elles sont dans l’attente d’un grand projet de rénovation fragilisé par la crise du covid. C’est ce moment d’incertitude, où les tours apparemment si solides vacillent, que le projet cherche à restituer.
La poésie d’un espace vivant
Les tours Mercuriales sont vivantes. Comme un organisme à part entière, elles sont parcourues de mouvements : ceux des humains qui y travaillent ; de la matière qui elle aussi travaille, béton, verre, acier, irriguée par des centaines de mètres de tuyaux et de colonnes ; des ondes et des frissons qui les traversent. Ce sont ces mouvements que nous voulons faire entendre. Pour une fois, il ne s’agira pas de montrer les tours, ou « la vue des tours » mais bien l’intérieur, les entrailles, les tripes, de s’immerger dans la vie qui palpite sous les parois de verre réfléchissantes de la façade.
Les métiers de l’ombre
Cette exploration est guidée par l’équipe (l’équipage !) du poste sécurité, en charge de veiller 24/24 au bon fonctionnement de ces géantes endormies. La Tour vivante donne donc la parole aux gardiens du poste sécurité, faisant la lumière sur ces métiers de l’ombre et leurs dures conditions de travail. Sous l’uniforme, elle cherche aussi entendre le ressenti des individus, leurs rêveries et leurs contemplations, dans l’expérience presque métaphysique des nuits solitaires au cœur des tours endormies.